Plus au sud, le quartier Saint-Paul s’articule autour de son église et abrite le cinéma et le théâtre de la ville. C’est également une zone de forte densité commerciale et de ce fait, elle peut être considérée parfois comme le centre-ville de Rezé.
Le Maitre d’Ecole
C’est dans cette maison, celle située le long de l’ancienne route de la Rochelle, juste au-dessus de la carriole sur la photo, qu’un certain Julien Albert né au Loroux-Bottereau le 25 janvier 1807 fut le 1er à faire la classe gratuitement pour des petits Rezéens…
Nommé instituteur à Rezé le 29 septembre 1834 par le comité d’arrondissement de Nantes, organisme alors chargée de régulariser, entres autres, certaines écoles clandestines, il refusa d’aller enseigner au bourg de Rezé comme le lui demandaient les autorités municipales… Il continua de faire la classe et de donner des leçons particulières à Pont-Rousseau dans sa propre maison et ce jusqu’en 1839, date à laquelle il quitta Rezé pour Vieillevigne… Il proposa à la municipalité son demi-frère, Jean-Baptiste Aubron, pour le remplacer et qui accepta quant-à lui de s’installer au bourg de Rezé…
Lorsque la mairie de Rezé décida d’ouvrir une seconde école publique à Pont-Rouseau en 1849, Julien Albert posa sa candidature et fut repris malgré l’opposition de quelques conseillers municipaux. Il termina sa carrière à l’école du bourg, et pris sa retraite en 1868 à l’âge de 61 ans. Toutefois sa vie publique ce prolongea puisqu’il fut élu maire de Rezé en 1876 et termina son mandat le 4 avril 1878, jour de son décès.
La Rue Nationale
Ancienne partie de la route nationale 23 dite de la Rochelle, qui reliait Chartres à Nantes en traversant Rezé, cette route possédait de nombreuses maisons bourgeoises datant du XIXe siècle et qui sont encore présentes pour la plupart… En 1899, cette route est scindée en deux et prend les noms de rue Nationale et rue Sadi-Carnot délimitée en son centre par l’Eglise St-Paul. Devenues respectivement rue Aristide Briand et rue Jean Jaures en 1933 et 1946, elles portent le nom de deux illustres hommes politique français, leaders du socialisme de l’époque. Pacifistes, ils étaient opposés au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
C’est pendant ce conflit mondial que la commune de Rezé fut désignée pour assurer le cantonnement de plusieurs milliers de réservistes et territoriaux en attendant l’arrivée des troupes américaines en 1917, ce qui explique notamment la présence de ces soldats sur la photo…
En ces périodes de troubles la vie est difficile et entre 1914 et 1918 la municipalité mets tout en oeuvre, en multipliant les courriers, pour éviter le départ de mobilisés qui tiennent des commerces “vitaux” comme les boulangeries ou les épiceries.
L’Eglise Saint-Paul
Quasiment détruit lors de la guerre de Vendée en 1793, Pont-Rousseau aura mis presque 20 ans pour se reconstruise et que l’activité économique reparte. Pour satisfaire les besoins de la population grandissante de cette partie de Rezé, on construit en 1842 l’église Saint-Paul à la place d’un édifice remontant probablement au XIIIe siècle et située sur l’actuelle place Roger-Salengro… De style néo-gothique, le clocher ne sera construit que bien plus tard faute de moyens à la fin du XIXe siècle.
On ne distingue pas encore sur le cliché ancien le monument aux morts. Il fut érigé et sculpté par Siméon Foucault en 1922 en la mémoire des 288 soldats Rezéens tués lors des affrontements de la Première Guerre mondiale. Les victimes de la guerre de 1870 furent également associées à cet hommage. Financé par le Préfet grâce aux fonds récoltés pour des installations électriques, aucun nom ne figure sur ce monument. Les victimes Rezéennes des autres guerres ont depuis été ajoutées.
Séparation de L’Eglise et de l’Etat
Né à Nantes en 1862 et ayant passé son enfance à Saint-Nazaire, le député socialiste Aristide Briand alors âgé de 43 ans, fait voter le 9 décembre 1905 la loi relative à la séparation des églises et de l’État. S’appliquant aux quatre confessions alors représentées en France, l’état annonce que dorénavant il “assure la liberté de conscience et garanti le libre exercice des cultes” et « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». En d’autres termes, la République n’a plus aucun droit de regard sur la nomination des ministres des Cultes ( évêques, prêtres, pasteurs, rabbins) et ne les rémunèrent plus, mettant ainsi fin au concordat de 1801… Les édifices religieux propriété de l’État ou des communes depuis 1789 le restent mais la possibilité de les confier gratuitement est offerte à ces représentants en vue de l’exercice du culte… Egalement la propriété de l’état, les biens ecclésiastiques font faire l’objet d’inventaires en vue de les confier à d’éventuelles associations culturelles ce qui suscitent des résistances dans certaines régions, notamment dans l’ouest de la France.
Le 6 février 1906, à l’église Saint-Paul, le curé et les fidèles attendent de pied ferme le fonctionnaire chargé de réaliser cette opération délicate… Accompagné de gendarmes venus pour le protéger, l’agent du fisc craignant les échauffourées, réalisera un inventaire estimatif… des barricades l’empêchant de mener à bien sa mission…
La Maison Hospitalière
C’est en septembre 1882 que la première soeur garde-malades, Soeur Odulphe, vint à Saint-Paul. Elle faisait oeuvre de charité en distribuant aux nécessiteux des bons alimentaires et en prodiguant des soins aux malades. Elle même vivait des offrandes de personnes généreuses. En 1894 elle fut remplacée par trois nouvelles soeurs venues de Chantenay afin d’assurer aux malades des gardes de jour et de nuit et furent alors installées dans une modeste maison louée pour elles situé rue de la Galotière tout proche de l’église…. Mais elles n’y restèrent pas très longtemps car en octobre 96, monsieur le curé fit l’acquisition d’une propriété afin de pouvoir y recevoir des malades pauvres et des pensionnaires et c’est le mardi 19 avril 1898, à 8H du matin, que les soeurs Saint-Barthélemy, Sainte Martine et Saint Jean Népomucène viennent rejoindre la communauté et prirent possession de la « Maison Hospitalière ».
Les actions des soeurs étaient alors de distribuer vêtements et nourritures aux pauvres, de rendre visite aux malades, de laver et repasser le linge de l’église, de proposer une hospitalisation gratuite pour les gens de la paroisse et autre multitude de petits services…
Devenu par la suite la Clinique Saint-Paul, ce bâtiment a laissé sa place en 2003 à un nouveau quartier pavillonnaire lorsque les cliniques Saint-Damien, Saint-Henri et Saint-Paul ont fait part de leur volonté de se regrouper et de construire les nouvelles cliniques nantaises au sud de la Loire.
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